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Lettre ouverte de Sonia Backès à Daniel Goa

today18/10/2021 8

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Ce 18 octobre, la présidente de la province Sud, Sonia Backès, rend publique une longue lettre qu’elle a adressée au président de l’UC Daniel Goa, en réponse au courrier qu’il a adressé au ministre des Outremers demandant un report du référendum.

Après s’être associée à la douleur des familles qui ont perdu un des leurs emporté par la Covid, Sonia Backès dresse le constat de la situation sanitaire. Elle précise ainsi que les indicateurs s’améliorent laissant espérer une sortie de crise,

« nous ne sommes pas sortis d’affaire, écrit-elle, mais nous sommes sur la bonne voie. C’est pourquoi la crise sanitaire ne doit pas être instrumentalisée à des fins politiciennes. »

Elle rappelle à Daniel Goa que dès le 8 avril, à savoir dès que légalement il leur a été possible, les indépendantistes ont demandé l’organisation et la tenue du 3ème référendum, une consultation pourtant optionnelle.

« Après deux votes favorables au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, écrit Sonia Backès, vous auriez pu chercher les voies et moyens pour construire ensemble une solution qui nous unisse plutôt que de nous diviser une fois de plus. Vous avez fait le choix d’exiger ce référendum. »

Estimant que l’attente du verdict des urnes décourage les Calédoniens et freine toute initiative, elle apostrophe Daniel Goa,

« vous avez eu 30 ans pour convaincre. 30 ans pour préparer l’indépendance. Au terme de cette période, votre ultime argument consiste-t-il vraiment à faire croire aux Calédoniens que l’indépendance, ça n’est pas vraiment l’indépendance ? … /… En résumé, votre campagne électorale, comme celle de 2020, tend-elle vraiment à démontrer qu’en décidant de se séparer de la France, elle sera toujours là ? »

Et Sonia Backès de préciser que sur ce point, le document de l’État met bien les choses au clair.

Maintenant allons-y !

La présidente de la province Sud apostrophe également le président de l’UC sur sa menace de non-participation au référendum au cas où celui-ci ne serait pas reporté, « nous devons respecter le choix démocratique et sortir de l’accord de Nouméa » écrit-elle, avant de poursuivre :

« comment imaginer que l’ONU comprenne que vous ne participiez pas à un référendum que vous avez-vous-mêmes demandé, qui s’organise dans les meilleures conditions sécuritaires et sanitaires devant 250 observateurs extérieurs venus surveiller les opérations électorales ? Sur quelle base ? Parce que la campagne a été suspendue 6 semaines ? Soyons sérieux. Et assumons nos choix ! Maintenant allons-y ! Ne reculons pas devant ce dernier obstacle ! »

Dans cette lettre à Daniel Goa, jugeant que l’après-accord doit être le temps pour bâtir un nouvel espace économique et social, Sonia Backès rappelle aussi quelques vérités : 

« l’exode des populations du Nord et des iles Loyauté vers la province Sud que nous constatons depuis plusieurs années traduit les manques, voire les échecs de la politique de rééquilibrage telle qu’elle a été menée jusqu’à présent. Nous devons innover afin de permettre à chaque Calédonien de s’épanouir dans la province de son choix. Nous devons innover pour réduire les inégalités majeures que connaissent nos populations. »

La présidente de la province Sud, qui rappelle également que depuis 2004 les indépendantistes ont fait partie de toutes les majorités qui ont « voté toutes les réformes qui ont mené aux difficultés du quotidien que connaissent nos concitoyens », demande à Daniel Goa de garantir un avenir aux Calédoniens,

« c’est en cela que nous serons dignes du mandat qui nous a été confié. »

Et en conclusion de ce courrier, Sonia Backès appelle toutes les formations politiques à reprendre la campagne électorale référendaire suspendue le 6 septembre dernier.

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