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Exclusif : selon le Sondage Quidnovi-ETOM/Océane FM « 64% des Calédoniens sont inquiets pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie »

today29/04/2021 3

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Réalisé dans l’objectif de connaitre la perception de la population, notre nouveau sondage Quidnovi-ETOM publié ce lundi, dresse le constat de l’opinion quant aux perceptions relatives à la situation actuelle du pays, aux anticipations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et aux perceptions des conséquences de l’indépendance. Réalisé du 18 décembre 2020 au 10 février 2021 sur un échantillon représentatif de 1032 individus, ce sondage doit participer à éclairer les Calédoniens quant à l’état de l’opinion publique et à préparer les discussions sur l’avenir. Enquête et analyses.

Synthèse et principaux enseignements :

Le niveau de confiance des calédoniens est relativement dégradé. 64% sont inquiets pour l’avenir et le développement de la Nouvelle Calédonie et 50% sont inquiets pour leur situation personnelle et professionnelle. Ces questions font apparaître des différences significatives selon les groupes. Ainsi, c’est parmi les partisans du « oui à l’indépendance » et les résidents des Iles Loyauté que le niveau de confiance est le plus important concernant l’évolution de leur situation personnelle et professionnelle. La jeunesse calédonienne, kanak ou non, est également plus optimiste que ses aînés.

Un climat morose aussi pour certains Calédoniens qui trouve son explication dans le deuxième référendum d’autodétermination. En effet, plusieurs mois après la consultation du 4 octobre 2020, celle-ci est pointée du doigt par une partie de la population :

  • 42% estiment que le référendum a eu un impact négatif sur le vivre ensemble (ils sont 55% chez les partisans du « non », 19% chez les partisans du « oui ») ;
  • 49% pensent qu’il a eu un impact négatif sur l’économie (ils sont 62% chez les partisans du « non », 30% chez les partisans du « oui »).

Au-delà des questions individuelles, les préoccupations des Calédoniens convergent sur certaines considérations :

La majorité de la population (84%) s’accorde sur le fait qu’il y a trop d’inégalités en Nouvelle-Calédonie.

Une forme de consensus se dégage également concernant les finances publiques : des dépenses jugées trop importantes et un nombre fonctionnaires qu’elle souhaite voir revu à la baisse (58% de la population partage cet avis). Sur cette question, la jeunesse calédonienne non kanak apparait partagée (43% partage le constat du reste de la population, 46% est en désaccord).

Si la majorité (71%) est favorable à une augmentation des impôts sur les gros revenus, le consentement à l’extension de l’assiette fiscale à l’ensemble des revenus varie selon les profils. Le fait que l’ensemble des calédoniens participe au financement des dépenses publiques des collectivités, quels que soient ses revenus, ne fait pas l’unanimité. Près de la moitié des partisans du « oui » (47%), des résidents des Iles (50%) et des jeunes kanak (50%) sont opposés à l’étendue des impôts à tous, y compris les petits revenus. Les non kanak de moins de 30 ans sont plus partagés sur ce sujet (51% y sont favorables).

La majorité des partisans du « Oui » (78%), des résidents des provinces Nord (67%) ou Iles (72% et des jeunes kanak (76%) estiment que la Nouvelle-Calédonie pourrait devenir autonome (contre 49% en moyenne). C’est également le point de vue d’une partie de la jeunesse calédonienne non kanak (47%). A contrario, les personnes ayant voté « non » à la dernière consultation ou celles résidant an Province Sud estiment que la Nouvelle-Calédonie n’est pas autonome d’un point de vue financier.

En cohérence avec la perception de l’autonomie financière du pays, le même clivage est observé concernant le caractère nécessaire ou non des transferts financiers. Ainsi, 51% des partisans de l’indépendance les qualifient d’importants mais non indispensables (20% d’entre eux comme pensent qu’ils sont peu ou pas importants). De leur côté, plus de 60% des partisans du « non » ainsi que les non kanak de plus de 30 ans déclarent que ces transferts sont essentiels à la Nouvelle-Calédonie.

Nous avons ensuite questionné les Calédoniens sur les compétences non encore transférées (article 27) ainsi que sur les compétences régaliennes. Il s’agissait de savoir, indépendamment de l’avenir institutionnel, ce qu’ils pensaient : Est-ce que la Nouvelle-Calédonie est en capacité de les assumer seule ? Doit-elle les gérer en partenariat ? Doit-elle les confier à un pays tiers (La France si la Nouvelle-Calédonie reste dans la république, la France ou un autre pays si elle accède à l’indépendance).

A l’exception de l’audiovisuel pour lequel 47% estiment qu’une gestion autonome est possible, la gestion des autres compétences de l’article 27 s’envisage en collaboration avec la France. Concernant les compétences régaliennes, la population est partagée. A l’exception de l’armée et de la défense pour laquelle il y a peu de répondants (14%), ils estiment à 24% que la Nouvelle-Calédonie pourrait les gérer seule (29% pour la monnaie). Pour les autres, c’est plutôt une gestion en partenariat qui est souhaitée.

Dans le cadre l’organisation du 3ème référendum, près de la moitié des calédoniens (49%) souhaite sortir du couperet « oui ou non – pour ou contre l’indépendance » afin que la population s’exprime sur une autre solution. Ce sont plutôt des partisans du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. 26% souhaitent discuter tout en organisant le référendum prévu et 16% veulent simplement que l’on organise le référendum. Les partisans du « oui » ainsi que les kanak de plus de 30 ans sont plus nombreux à souhaiter l’organisation du 3ème référendum sans discussions préalables (34% et 26%).

Concernant le lien avec la France, il est considéré comme indispensable par 50% des calédoniens, 43% estimant qu’il est important mais pas indispensable. C’est parmi les partisans du « oui » (63%), les résidents des provinces Nord (54%) et Iles (66%) ainsi que chez les kanak que les répondants sont le plus nombreux à le qualifier « d’important mais non indispensable ». Seuls 5% des répondants souhaitent couper tout lien avec la France.

Quel que soit leur statut et leur positionnement pour l’avenir du pays, 68% des calédoniens considèrent que pouvoir conserver leur nationalité française est très important, voire non négociableCe pourcentage est de 61% parmi ceux qui ont voté « Oui » au référendum du 4 octobre 2020, 56% et 53% en Province Nord et en Province des Iles, 38% chez les kanak de moins de 30 ans.

En cas d’indépendance, 67% de la population anticipe une dégradation du fonctionnement des services publics (école, santé, social). C’est notamment le cas pour les partisans du « non », les résidents de la Province Sud et des non kanak. En cas d’accession à l’indépendance, les non kanak ainsi que les personnes qui ont voté « non » sont pessimistes sur l’évolution de leur situation personnelle. 21% s’interrogent sur un départ du territoire dans ce cas de figure (dont 10% estiment que leur situation sera intenable et qu’ils seront contraints de partir). Il convient toutefois de préciser que ces résultats peuvent être influencés par la situation de la Nouvelle-Calédonie au moment de l’enquête.

A contrario, une partie des kanak et des personnes ayant voté « oui » (54%) lors du dernier scrutin n’anticipent pas d’impact sur leur situation en cas d’indépendance (contre 28% en moyenne). Ils n’anticipent pas d’améliorations non plus.

Enfin, Interrogés sur la société de demain, quelle que soit l’évolution du territoire, les attentes des calédoniens mettent en évidence une certaine volonté de vivre ensemble :

  • La population est majoritairement favorable (73%) à une société offrant les mêmes droits pour tous. 19% souhaitent que l’on favorise les natifs et 6% que l’on favorise les kanak et les victimes de l’histoire.
  • 60% de la population qui souhaite une citoyenneté ouverte ou glissante : accessible notamment aux personnes résidant sur le territoire depuis plus de 11 ans. Pour autant 30% réserveraient cette citoyenneté ou cette nationalité aux natifs exclusivement (une position davantage soutenue par les partisans du « oui » et les kanaks de plus de 30 ans).

 

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